Le monde s'emmerde
Greta Thunberg veut aller aux États-Unis, mais en bateau à voile afin de produire le moins possible de CO2. Les ricaneurs ricaneront, mais cette initiative nous oblige à réfléchir sur ce que voyager veut dire. Pourquoi se déplacer ? Pour aller où ? Pour faire quoi ? La période des vacances est le moment où tout le monde fait ses valises pour s'échapper vers d'autres horizons. En 1936, c'était en tandem ; en 2019, c'est à bord d'un Airbus A380. Pour permettre au citoyen consommateur de partir en vacances et par la même occasion d'enrichir l'économie du tourisme, des technologies extraordinaires - avions, trains, paquebots - ont été mises au point pour atteindre les quatre coins de la planète. Même Louis XIV, qui se tapait le derrière dans son carrosse pour traverser le pays, aurait aimé bénéficier d'un tel luxe pour se déplacer. Aujourd'hui, chaque vacancier est le monarque d'un royaume qui est désormais la planète entière. Une planète qui lui appartient et où il peut se promener comme dans son jardin. Mais qu'y a-t-il de si important au bout du monde qui mérite de transporter ces hordes de touristes dans de telles expéditions ? On voit régulièrement au journal télévisé des reportages consacrés aux Français en vacances sous d'autres latitudes. Quand la caméra interroge le touriste pour savoir ce qui l'a poussé à venir jusque-là, la réponse est presque toujours la même : « C'est beau », « C'est magnifique », « Un spectacle inoubliable ». Et puis c'est tout. Des milliers de kilomètres parcourus en avion juste pour jouir du moment furtif de regarder un paysage agréable. Comme si, pour égayer notre vie monotone, il fallait l'agrémenter de décors grandioses. Des tonnes de kérosène brûlées pour se convaincre que dans sa vie on a quand même vécu des trucs formidables.
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