Nos « masques grimaçants » pour ternir vos sourires irradiés
Comme prévu, un parterre de nucléocrates s’est réuni le 12 juillet à Paris lors d’un « forum mondial du développement durable » qui déclarait sa flamme au « Nucléaire soutenable » à la française. Quel spectacle !
Sous les ors de la salle des fêtes de la mairie du 6e arrondissement de Paris, se sont réunis une belle brochette de pontes de l’industrie nucléaire (cf l’appel à rassemblement lancé quelques jours plus tôt). Cinq sessions d’interventions réparties sur la journée ont donné la parole à trois anciens ministres dont un sénateur, les têtes d’affiche de toutes les directions stratégiques d’EDF, d’Areva, de l’Andra, du CEA et d’Enedis, avec le concours d’un universitaire, d’un économiste ou même d’un médecin de l’Académie des sciences — tous venus lubrifier le discours pour dire en chœur que « l’énergie nucléaire est une chance pour le développement durable ! » On se tutoie comme au bureau, on se tape sur l’épaule comme au régiment – tous les intervenants sont des messieurs (à une exception près), faut-il le préciser. Le public, lui, n’a pu l’ouvrir que pendant dix petites minutes cumulées de 9h à 17h.
Les organisateurs de ce conclave, à savoir la revue Passages, la petite entreprise intellectuelle d’un certain Émile Malet (présenté comme « ambassadeur itinérant pour la sauvegarde du Lac Tchad »…), n’ont cessé, entre les interventions, de regretter l’absence ou l’impossibilité de « débat » et de « dialogue » sur ce sujet cuisant. D’autres se sont désolés qu’« une fois de plus », on doit tenir ce genre de réunion « sous la protection des forces de l’ordre ! » À savoir un officier de renseignement en civil et une demi-douzaine de plantons de la « municipale ».
Mais pourquoi la police ? Sans doute à cause de quelques hiboux vengeurs qui s’étaient dissimulé dans la salle, depuis le matin, pour fomenter quelques sourdes perturbations. Certain.e.s ont disséminé des stickers blasphématoires pour l’église de l’atome, d’autres ont répandu des senteurs olfactives désobligeantes. Deux barons ont été spécialement traités. D’abord Pierre-Marie Abadie, le fossoyeur en chef de la filière atomique – directeur de l’Andra, l’agence de « digestion » des déchets radioactifs et maître d’œuvre de la poubelle Cigeo de Bure – avait tout juste commencé à débiter ses sornettes que des fascicules aux couleurs de l’Andra circulaient dans les travées, semant la confusion au sein de l’assistance : au recto, la prose rassurante de l’Agence, sur fond vert luisant ; mais au verso, une contre-propagande des anti-Cigéo. À vrai dire, s’il y a quelque chose de profondément "durable" dans le nucléaire, ce sont bien ses déchets radioactifs !
Source et article complet : https://paris-luttes.info/nos-masques-grimacants-pour-ternir-8500