Quand la solidarité passe au tribunal

17/12/2017 12:36

Quatre retraités viennent d’être jugés pour avoir transporté des migrants dans la vallée de la Roya. Dans cette zone frontalière, l’État viole le droit d’asile au quotidien. Mais le plus souvent, ce sont les militants solidaires qui sont condamnés par la justice.

À la cour d’appel d’Aix-en-Provence, ce mercredi 15 novembre, on jugeait des affaires de recel et de vol avec violence. Mais aussi trois papys et une mamie, accusés d’avoir porté secours à des migrants.

C’était l’hiver dernier, près de la frontière italienne. Dans la vallée de La Roya (Alpes-Maritimes), le mercure plongeait en dessous de zéro. Après avoir déjoué de sévères contrôles frontaliers, des dizaines et des dizaines de migrants avaient atterri là. Les bonnes âmes du coin étaient dépassées  : chez l’agriculteur Cédric Herrou, figure emblématique de l’aide aux exilés, on hébergeait sous des tentes.

Le 6 janvier, Gérard, Françoise, René et Daniel prennent donc en charge six migrants, dont deux mineurs, pour les mettre au chaud. Mais à Sospel, sur la route, les forces de l’ordre veillent. Pour contourner un point de contrôle, les migrants sont déposés sur un sentier. Les voitures les récupéreront de l’autre côté. Hélas, une randonneuse a aperçu la scène. Elle contacte le 112. Veut-elle jouer la délatrice ? Ou s’inquiète-t-elle simplement de voir des personnes mal équipées s’aventurer sur un chemin de montagne en plein hiver ? Quoi qu’il en soit, la gendarmerie est prévenue.

De l’autre côté du sentier, les deux véhicules sont stoppés. Exilés et bénévoles sont arrêtés. Qu’est-il advenu des premiers ? La procédure pénale ne le dit pas, mais leurs soutiens en sont certains  : les quatre majeurs ont été renvoyés en Italie. Pour les militants, c’est la garde à vue, puis une condamnation, à Nice, à 800 € d’amende avec sursis, dont ils interjettent appel.

 

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