Une histoire de réfugiés soudanais
Une histoire de réfugiés soudanais
et de leur mépris par la France et la Belgique
« Le 17 mars 2017, Mohammed, un Soudanais d’à peine 30 ans, est remis aux mains de la police de son pays après avoir été expulsé par la France. À la descente de l’avion, « la police française m’a confié à la police soudanaise. Celle-ci m’a mise en prison pour m’interroger », explique Mohammed dans un témoignage recueilli par le Collectif La Chapelle Debout, que StreetPress a pu consulter. »1
La collaboration de la France avec un régime dictatorial fait écho à une histoire française sombre. Le rejet raciste des migrants va jusqu’à la livraison d’opposants politiques au gouvernement qu’ils ont fui. Plus de 200 personnes ont ainsi été remises par le ministère de l’intérieur français au dictateur.2 La Belgique, autre pays à l’histoire coloniale d’une barbarie sans limites, a également collaboré avec le régime islamiste et dictatorial de Omar Hassan el-Béchir, pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt de la cour pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.3
« Le 7 septembre, le secrétaire d’Etat Theo Francken avait déjà reçu l’ambassadeur soudanais à Bruxelles. A l’issue de la rencontre, il avait signifié que Khartoum était disposé à délivrer des laissez-passer afin de permettre le rapatriement de ses ressortissants en séjour illégal en Belgique. "Il s’agit de la plus grande opération d’identification jamais organisée", s’était alors félicité M. Francken. »
« Pour rappel, les services secrets soudanais ont été dirigés, il y a dix ans, par l’actuel ambassadeur du Soudan à Bruxelles, Mustrif Siddiq. »4
De nombreux demandeurs d’asile soudanais sont issus de l’opposition étudiante au gouvernement dictatorial de Omar Hassan el-Béchir. Ce dernier, au pouvoir depuis un coup d’état en 1989, a notamment été inspiré par Hassan al-Tourabi, ancien étudiant de la Sorbonne, proche des Frères Musulmans, défenseur d’un nationalisme islamique.
Les conflits liés au pouvoir politique et économique entre Soudan et Soudan du Sud ont fait des millions de déplacés. Les milices pro-gouvernementales, telles les Janjawid, ont commis des massacres contre les populations civiles fuyant la guerre.5
Lors du printemps arabe, les étudiants soudanais s’organisent contre le régime. Mais des groupes pro-régime, armés par le gouvernement, répriment violemment, sur les campus, la rébellion. Des miliciens habillés en civil tirent même sur la foule pendant les manifestations. 6
Les réfugiés soudanais que nous rencontrons ont fui la violence des forces gouvernementales, militaires ou para-militaires.
La collaboration française et belge est une honte pour tous les européens aspirant à la liberté et la paix internationales. Des États travaillent main dans la main contre les peuples. L’égalité sociale passera par une solidarité internationale contre les gouvernements collaborationnistes. L’accueil d’opposants politiques aux dictatures devrait être un honneur. Au lieu de cela, les quota appliqués par l’OFPRA (passant par des interrogatoires où le soupçon est la règle) et la procédure Dublin représentent un grand mépris pour nos camarades combattants de la liberté. L’enfer bureaucratique de la procédure Dublin et des modalités d’accès au statut de réfugiés plongent sans cesse des milliers de personnes dans la clandestinité. La chasse aux sans papiers et aux dublinés déclarés « en fuite » par le ministère de l’intérieur français et son représentant Gérard Collomb, est un pas de plus dans cette horreur bien française.7
Références :
1 https://www.streetpress.com/sujet/1506702391-la-france-livre-opposants-politiques-dictature-soudan
3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Omar_el-B%C3%A9chir
https://www.amnesty.fr/presse/le-soudan-doit-mettre-fin-aux-attaques-caractre-po
5 https://www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/Soudan
6 https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/160701_sdn_union_des_etudiants.pdf